En octobre dernier, l'Insee a fournit les chiffres de la consommation effective par habitant pour 2006. Il en ressort que les prix des biens et des services de consommation sont supérieurs de 13 % en Ile-de-France par rapport à la province.
Le premier poste de dépense expliquant cette différence est lié au logement, qui représente un quart des dépenses des ménages, et dont le coût est supérieur de 36 % en Ile-de-France.
Vient ensuite la santé qui après remboursement représente 3,4 % des dépenses des ménages et dont le coût est supérieur de 13,7 % dans notre région. Ce chiffre cache une forte disparité : le coût des biens liés à la santé est quasi identique à celui de la province alors que les services sont supérieurs de 27 %. C'est que les dépassements d'honoraires des médecins sont nettement plus fréquents en Ile-de-France qu'en province.
Nous finirons ce tableau statistique, qui pourrait prendre la forme d'une litanie à la Prévert, par les dépenses liées à l'éducation, qui dans le cadre d'une société où elles sont fortement mutualisées ne représentent que 0,7 % de la consommation des ménages, mais dont les coûts sont supérieurs de presque 13 % en Ile-de-France.
Que tirer de ces chiffres ? Pas grand-chose tant qu'on ne les rapporte pas aux différences de revenus salariaux avec la province. L'Insee estime, toute chose étant égal par ailleurs, c'est-à-dire à poste et secteur d'activité identique, que les salaires en Ile-de-France sont supérieurs de 9 à 12 % pour les hommes et de 12 à 16 % pour les femmes. Les différences de salaires et de prix entre la région parisienne et la province s'annulent par conséquent, et le phénomène se constate depuis quelques années.
A quoi bon ce billet, me direz-vous, pour arriver à ce résultat ?
En raison de l'usage qui a été fait de ces chiffres. Pendant longtemps, le coût de la vie a été supérieur en région parisien sans que la différence de salaires compense. Cette situation a conduisit, alors, à l'inscription dans les conventions collectives de mécanismes de compensation. Leurs formes ont été variées et on retiendra ici deux mécanismes : l'un consistant à définir un salaire minimal conventionnel par catégorie supérieur pour l'Ile-de-France, l'autre consitant à appliquer un facteur de revalorisation des salaires supérieur lors des augmentations négociées entre partenaires sociaux (par exemple, +0,1 % pour les salaires de notre région).
Depuis 10 ans, la disparition constatée par l'Insee de l'écart entre salaires et prix a conduit le patronat, via les mécanismes de dénonciation et renégociation des conventions collectives, à faire disparaître de tels mécanismes, sans grande résistance syndicale d'ailleurs. Il convient aujourd'hui de faire le bilan social de cette évolution.
Concernant les la clause de revalorisation supérieure des salaires en Ile-de-France, les faits s'imposent : l'écart entre coût de la vie et salaires s'annulent, de façon durable, ne justifiant pas l'existence de tels mécanismes du point de vue statistique. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas être attentif ou que d'autres facteurs[1][1] ne peuvent justifier leur existence, mais ici l'argument statistique est invalidant.
Concernant la fixation du salaire minimal conventionnel par catégorie, c'est l'inverse. Prenons l'exemple relativement courant d'un salarié soumis à la convention collective SYNTEC embauché comme technicien en position 3.2 moyennant le salaire minimum de 1831 € brut par mois. Pour ce salarié, qu'il soit en Ile-de-France ou en province, le salaire est le même. Cela signifie en clair, vue la différence des prix, que le pouvoir d'achat du salarié en région parisienne est inférieur de 13 % à poste et branche identique. L'impact ici est direct sur la capacité de logement, de soin et d'éducation.
Bien sur, cela ne représente qu'une fraction limitée des salariés d'Ile-de-France dont le volume est difficilement mesurable, mais pour chacun d'entre eux, la perte est flagrante. Reposer la question de la prise en compte des différences de prix régionale dans la fixation du salaire minimal apparait donc comme une problématique sur laquelle devrait se pencher les socialistes. Et ce, d'autant plus que l'embauche au salaire minimal conventionnel est beaucoup plus fréquent chez les employées et les techniciens que chez les cadres, justement les catégories professionnelles chez lesquelles nous ne faisons pas le plein des voix.
[1][1] Par exemple, la différence de surface et de qualité des logements entre la province et l'Ile-de-France, biais statistique mal mesuré par l'Insee et d'ailleurs difficilement mesurable.
David Duchateau,
Section PS d'Arcueil
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