mardi 9 décembre 2008

Interventions de Julien Dray au Conseil National du 6 Décembre 2008

JULIEN DRAY – CONSEIL NATIONAL DU SAMEDI 6 DECEMBRE 2008
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PREMIERE INTERVENTION
@ Julien Dray
Mes chers camarades, j’ai eu, peut-être, un petit avantage sur vous puisque j’ai reçu ce texte hier après-midi et donc j’ai pris le temps, parce que je crois aux écrits, je crois aux textes, je crois aux orientations politiques matérialisées dans les textes, de le lire en détail.
Je voudrais d’abord revenir sur l’état d’esprit qui a visiblement conduit à l’écriture de ce texte : au sortir du vote sur la désignation de notre premier secrétaire, et au-delà de toutes ses péripéties, il y avait deux chemins possibles. Le premier chemin, celui qui correspond à l’état d’esprit dans lequel nous nous étions situés, c’était celui du rassemblement de notre parti, c’était celui du dépassement des conflits avec une volonté nouvelle de trouver de nouvelles formes de travail en commun pour créer les conditions d’une orientation politique partagée par tous.
C’est ça l’état d’esprit premier.
Tel, visiblement, n’a pas été le chemin choisi.
Un certain nombre de camarades ont pris la décision d’écrire entre eux, ce qui est leur liberté, un document, en prenant soin de ne pas associer à l’écriture de ce document d’autres camarades. Et donc c’est un autre chemin qui a été suivi, et je le regrette parce que l’état d’esprit dans lequel notre motion était, et que nous avions manifesté dans les deux entrevues que nous avons eues avec la première secrétaire, c’était effectivement d’aller de l’avant et de se rassembler.
Alors, je voudrais déjà balayer une première remarque : j’entends dire par un certain nombre de camarades : Il y avait deux orientations dans le congrès. Il y avait d’un côté 70 % et de l’autre côté 30 %. Je m’excuse, mes camarades, mais nous avons un certain nombre de formes d’organisation. S’il y avait deux orientations dans le congrès, elles auraient dû se matérialiser par deux textes séparés et la commission des résolutions aurait dû se conclure par deux textes séparés. Ce n’est pas ce qui s’est passé, il y a eu quatre textes soumis au lote de militants et il n’y a pas eu de synthèse dans la commission des résolutions, donc on ne peut pas faire des additions abstraites en rassemblant ce qui n’a pas été rassemblé devant le congrès, devant les militants. Parce que je peux faire, à ce moment-là, d’autres additions : moi aussi je peux dire qu’il y a 50 % du parti qui a voté pour une orientation et 50 % contre une autre. Je peux même dire qu’il y a 80 % du Parti qui ont voté contre une orientation par rapport à une autre. Donc, je ne suis pas d’accord pour faire ces synthèses-là tel qu’elles ont été faites et je le dis ici, parce que moi je ne me suis pas exprimé depuis des jours et des jours, j’ai été respectueux des principes que j’ai voulu appliquer tout au long des mois qui viennent de s’écouler. Nous n’avons pas dit cela, mais devant le Conseil national je le dis : on ne peut pas prendre la responsabilité de réécrire le congrès à la manière dont ça arrange un certain nombre d’entre vous. Ce n’est pas possible. Et on ne peut pas d’autant plus réécrire le congrès qu’il y a eu aussi un vote sur le premier secrétaire et que ce vote a matérialisé une division de 50 % contre 50 autres pour cent du parti et que donc notre responsabilité collective immédiate, oui, je le dis, immédiate, c’était de nous rassembler et c’était le chemin que nous proposons.
Vous n’avez pas choisi ce chemin, nous en tirerons évidemment les conséquences. Et j’en viens au texte.
Camarades, je suis sûr que dans les mois à venir certains vont regretter ce qui était l’essence du travail qu’avait fait notre premier secrétaire. Il l’a dit lui-même, il a dit : « Peut-être qu’on va regretter les synthèses que je faisais. » Parce que, franchement, quand je lis ce document, je vous dis honnêtement, que ce qui avait été fait par exemple pour la synthèse du Mans était nettement supérieur à ce que vous avez fait.
Je vais prendre un exemple très simple. Qu’est-ce que je n’ai pas entendu sur le réformisme de gauche, formule creuse, insensé, qui n’avait pas de contenu. Alors, je me dis : « Ceux qui nous ont critiqués tout au long des mois et des années qui viennent de s’écouler ont forcément inventé une formule magique, intelligente, qui va nous expliquer quelle est désormais l’orientation du Parti socialiste. » Je lis, je mets mes lunettes, ou je les enlève. Le premier message, c’est l’exigence d’un socialisme de gouvernement clairement ancré à gauche, un socialisme de réforme qui inscrit sont action dans la perspective d’un nouvel horizon européen.
Franchement, est-ce que vous voyez la différence, vous, entre cette formule-là et le réformisme de gauche ?
Il aura fallu attendre toutes ces critiques pour avoir cette invention. Je dis autrement, parce que là aussi c’est intéressant, d’autant que les camarades qui ont écrit ce document auraient dû voir que le monde a évolué et a bougé. Je suis pour, effectivement, déterminer les conflits à l’échelle internationale, mais nous expliquer que l'Europe doit aussi faire entendre une voix forte contre l’unilatéralisme américain et son discours du choc des civilisations, il s’est passé, je le dis aux auteurs de ce texte, un truc qui s’appelle le 4 novembre et le 4 novembre, aux États-Unis, il y a un type qui s’appelle Obama qui a été élu. Bon, alors, qu’on le veuille ou non, vous me permettrez de penser que peut-être on n’est pas forcément obligé d’être manichéen et simpliste.
À moins qu’on veuille absolument, et c’est cela qui pose problème dans ce texte, créer des clivages, créer inutilement des blessures , essayer de revenir sur des débats pour marquer des différences. Parce que, quand j’ai conclu ce texte, je me suis dit : « Finalement, les auteurs de ce document n’avaient qu’une idée en tête : essayer d’éviter que certains puissent voter ce texte-là. »
Et d'ailleurs, cela a été dit dans la presse, quelques confidences ont été faites par des experts en congrès qui nous ont dit : de toute manière, il faut que le clivage ait lieu, il faut que certains ne puissent pas se retrouver. Ce n’est pas mon état d’esprit. Et comme ce n’est pas mon état d’esprit, je vais aller au fond des débats puisque vous nous avez poser un certain nombre de questions.
Première question qui est posée, la question de la politique salariale et la manière dont les socialistes se réapproprient aujourd’hui le combat sur la répartition des richesses. Il y a débat entre nous, il y a un débat très sérieux entre nous. Est-ce que la ligne de clivage dans la société est entre les inclus et les exclus ? Est-ce que les socialistes travaillent comme ils l’ont fait simplement en inventant des rustines au travers de mesures compensatoires ou de rattrapages salariaux ? Ou est-ce qu’ils mettent au cœur de leur démarche la question de la répartition des richesses, et donc la question salariale ?
Sur cette question-là, le texte est d’une très grande ambiguïté. Et par exemple, vous ne portez votre attention que sur la question du SMIC comme si visiblement la question du SMIC vous avait tétanisés dans une certaine campagne électorale. À aucun moment vous ne posez la question d’une politique salariale globale qui permet justement d’unifier toutes les catégories, les catégories populaires et les couches moyennes, car, comme vous dites, pour gagner il faut rassembler et les socialistes ne peuvent pas simplement être le parti des exclus, mais qu’il doit situer la contradiction entre les revenus du capital et les revenus du travail, et qu’elle est au cœur de la crise financière. Et c’est pour cela qu’il faut effectivement, vous avez oublié, certainement par précipitation, ce qui était au cœur de notre réflexion, la conférence salariale annuelle qui permettait de poser, à l’échelle du pays, l’ensemble des questions de salaires et donc, effectivement, d’unifier l’ensemble du front salarial et social autour de cette conférence par la mobilisation des organisations syndicales, par la question de la répartition des bénéfices tels qu’ils étaient apparus dans les entreprises, tout cela est absent votre texte, alors nous allons faire une proposition parce que nous voulons avancer sur la question salariale.
Deuxième question, la question qui vous taraude, parce que visiblement cela vous perturbe énormément, la question du MoDem. Moi, personnellement, je vous le dis honnêtement, je ne suis pas un obsédé du MoDem, notamment parce que dans la motion que j’ai défendue se trouve une personne pour laquelle j’ai le plus grand attachement, elle s’appelle Martine Lignières-Cassou, elle est maire de Pau, elle sait ce que cela veut dire aller à la confrontation avec le MoDem puisqu’elle a eu François Bayrou en face d’elle. Il se trouve qu’au congrès elle a voté pour notre motion.
Donc cela veut dire qu’elle a tiré simplement la quintessence du combat que nous proposons. Personne, je le dis ici, et parce que moi je suis un petit enfant de Mitterrand et j’assume cela, personne ne veut remettre en cause la stratégie de rassemblement de la gauche, personne ne dit cela et personne ne le défend. Ce que nous disons, c’est la chose suivante, et aucun élu, aucun candidat à aucune élection ne pourra faire autrement. Lorsque nous sommes en confrontation avec la droite, c’est notre devoir pour gagner, ce n’est pas essayer de créer les conditions du plus large rassemblement. Donc oui, le cœur de notre travail, c’est le rassemblement de la gauche, c’est d’ailleurs pour cela que nous allons vous proposer un amende ment qui propose un contrat de gouvernement, des primaires de toute la gauche pour arriver à un candidat unique de toute la gauche. Voilà comment nous voulons travailler et parce que nous sommes ça que nous disons : « Nous, il n’y a pas de problème. » Je reprends la phase excellente de Bertrand Delanoë, il disait : « Je suis contre toute alliance du MoDem. Si il s’avérait que le MoDem était amené à trancher entre la gauche et la droite, alors les choses seraient changées. »
Eh bien, nous sommes pour la formulation suivante : « Nous sommes contre toute alliance avec le Modem à condition, évidemment, s’il continue à renvoyer la gauche et la droite dos à dos. » Si les choses changent, les questions se poseront autrement. Voilà comment il faut aborder la question, voilà comment nous devons l’aborder.
Dernière question, et j’en finis puisque je sens que vous êtes pressés, sur la question du fonctionnement du parti, alors là les choses sont beaucoup plus graves. Je vous le dis comme je le pense, vous êtes en train de vous poser des questions sur le fonctionnement de notre parti. Tout le monde s’en pose. Mais il y a une chose sur laquelle je ne reviendrai jamais, c’est l’autorité du vote des militants pour désigner leur candidat ou leur candidate à l’élection présidentielle. Sur cette réforme-là, c’est un acquis collectif mis en place en 1995. Personne ne l’a contesté à l’époque parce que nous savons bien l’autorité que cela donne à notre candidat. Et on a comme le sentiment que tout d’un coup certains maintenant sont gênés avec cette formule-là, ils ont peur d’affronter le vote des militantes et des militants autour de la désignation du candidat à l’élection présidentielle ? Elle va se faire où, cette désignation ? Dans un bureau, dans une combine, dans un arrangement ? Et vous croyez que ce candidat aura autorité dans le pays et dans le parti ?
Alors nous, nous nous maintenons parce que nous défendons un certain type de parti, un parti de masse, un parti ouvert, un parti populaire, le fait que ce soient les militantes et les militants qui décident qui sera leur candidat à l’élection présidentielle. Et donc, nous ferons aussi un amendement sur cette question-là.
Alors oui, mes camarades, j’ai été très sage dans ce congrès, j’ai été de ceux qui ont battu à chaque étape le rappel pour le rassemblement et l’unité. Je maintiens que c’est cela la question essentielle pour l’avenir de notre parti et je vous mets en garde : on ne peut pas, par expérience, nous le savons tous, on ne peut pas diriger le Parti en pensant qu’il y a une bonne partie et une mauvaise partie de ce Parti.

JULIEN DRAY – CONSEIL NATIONAL DU SAMEDI 6 DECEMBRE 2008
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PRESENTATION DES AMENDEMENTS
@ Michel Destot
Ce que je vous propose, puisque les amendements ont été défendus, en tout cas à la tribune, et qu’on arrive au moment du vote. Il faudrait peut-être qu’il y ait, s’il y a une explication de vote, qu’elle soit donnée, mais en une ou deux minutes par Vincent Peillon puisqu’il s’était manifesté, ou par Julien ; et que nous passions au vote des amendements puis au vote du texte d’orientation.
C’est toi, Julien, si tu veux bien le faire de façon très concise. Merci.
@ Julien Dray
Camarades, nous avons travaillé, je m’excuse de le dire, aussi dans l’urgence, donc nous avons essayé de trouver des amendements qui montraient notre état d’esprit positif dans la discussion malgré toutes les contraintes qui ont été posées et qui ont été évoquées brillamment et avec talent par un certain nombre d’orateurs précédemment.
Et je le dis pour que les choses soient claires, on vous a distribué des amendements. Mais, comme nous voulons, car c’est notre souci, essayer de faire avancer le parti, et de faire avancer tout le parti, les camarades nous ont dit, notamment sur l'Europe : attention, le rassemblement est une question compliquée dans notre parti, nous le savons, il y a des questions qui restent encore en débat. Donc nous avons reformulé l’amendement sur l'Europe pour permettre justement que tout le monde puisse s’y retrouver et qu’on ne dise pas : ah, mais vous avez trop tordu le bâton dans un sens et donc ce n’est pas possible de l’adopter.
Voilà pour l’explication sur les différentes choses. À cela s’ajoute, je le dis, l’intervention excellente de mon camarade Terrasse qui pose un vrai problème sur le financement des retraites et donc nous avons ajouté, par rapport à la feuille qui vous a été donnée, un amendement sur la question des retraites.
Voici donc les amendements tels qu’ils se situent, et je vais les lire.
Michel Destot
Non, résume, si tu veux bien, chaque amendement par son titre puisqu’on les a et que tu as ajouté celui de Pascal. Merci, Julien.
Julien Dray
Non, je vais les lire rapidement. En plus, je sais lire vite, moi.
L’amendement à la page 2 : « La règle du tout pour les actionnaires durant les vingt perverses* s’est accompagnée d’un développement aberrant du crédit pour distribuer du pouvoir d'achat aux salariés aux frais de ces derniers. Mais nous voulons revenir à une vraie politique salariale et faire du salaire et refaire du salaire le principal déterminant du revenu. Une telle politique ne doit pas viser simplement les bas revenus et donner le sentiment d’un nivellement vers le bas, mais tirer vers le haut l’ensemble de l’échelle des salaires pour stopper le descenseur social et le sentiment de déclassement qui frappe désormais les classes moyennes. Cela se traduira par l’instauration d’une conférence salariale annuelle. Et je vais ajouter un mot pour faire plaisir à mon camarade Vidalies qui a voulu faire plus à gauche que moi en mettant : préparée branche par branche. Cela s’accompagnera d’une sortie de la logique des revenus compensatoires qui bloque l’augmentation des salaires. Nous sommes contre l’assistanat. » Voilà, cet amendement est inchangé.
Deuxième amendement…
Michel Destot
Nous les avons sous les yeux, ces amendements. Tu dois faire respecté, tu as été en responsabilité, on doit faire respecter notre ordre du jour avec les horaires. C’est quand même le respect minimum que nous nous devons.
Julien Dray
Écoutez, moi je respecte tout. Je pense que quand on fait voter les camarades on est en droit quand même de leur dire sur quoi ils votent.
L’amendement sur l’insécurité, vous l’avez, il ne change pas. L’amendement sur la question de l'Europe, nous l’avons reformulé pour permettre le rassemblement du parti. Et j’insiste puisque, si je me souviens bien, il y a un porte-parole du parti qui a démissionné sur la question de l'Europe il y a quelques mois, donc nous voulons clarifier les choses : « Les socialistes français ont accepté le minitraité de Lisbonne, mais ils ne peuvent s’en satisfaire. C’est pourquoi ils proposent à l’ensemble des socialistes européens de mettre au cœur des prochaines élections au Parlement européen la question des conquêtes démocratiques et citoyennes de l'Europe adossée à une charte sociale contraignante. Nous voulons un Parlement européen souverain, car l'Europe ne peut plus avancer simplement par la seule logique intergouvernementale. »
Sur les autres amendements, vous le savez.
Sur la question de la cotisation, tout ce que nous avons dit, c’est que nous étions pour une cotisation qui permette, notamment à ceux qui sont en difficulté, d’adhérer quand même au Parti socialiste. Donc nous disons qu’il faut que la cotisation de base soit la plus proche de ce qui permet à ceux qui n’ont pas de gros revenus de pouvoir adhérer au Parti socialiste.
Vous avez une autre question qui a été posée dans le débat, c’est évidemment la question à laquelle nous sommes très attachée, c’est-à-dire le principe que c’est les militantes et les militants qui décident de qui va les représenter dans les élections.
Nous avons évidemment clarifié les choses pour que nous soyons au clair et les uns et les autres sur la question du rassemblement en prolongeant la discussion que nous avons eue concernant les alliances et la manière dont nous voulons conduire le combat pour le rassemblement de la gauche avec des primaires et un candidat unique pour toute la gauche.
Et sur la Sécurité sociale, puisque vous ne l’avez pas, nous l’ajoutons en disant : « Le financement des retraites doit s’asseoir sur une assiette qui tienne compte des revenus du travail. Seuls les avantages non contributifs peuvent être financés par la fiscalisation. La question de la taxation de la valeur ajoutée dans les entreprises ne peut en aucun cas être l’élément des inégalités financières des retraites. »
Et l’autre amendement : « Sur la fiscalité, une réforme visant à fondre l’IRPP, la CSG et les impôts locaux pour créer un grand impôt progressif. » Ce qui a été, je considère, un acquis collectif de nos débats.
Voilà donc l’ensemble des amendements qui sont soumis au vote et à la discussion.
Michel Destot
Merci Julien. Mes chers camarades, nous allons passer au vote. Les choses sont claires. Il y a un texte d’orientation qui a été présenté tout à l’heure par Harlem au nom des motions A, C et D. Des amendements viennent d’être présentés, rappelés par…et donc les amendements.
Je vous demande d’être raisonnables.
D’abord, les amendements.

Les prix sont plus élevés de 13 % en Ile-de-France qu'en province.

En octobre dernier, l'Insee a fournit les chiffres de la consommation effective par habitant pour 2006. Il en ressort que les prix des biens et des services de consommation sont supérieurs de 13 % en Ile-de-France par rapport à la province.

Le premier poste de dépense expliquant cette différence est lié au logement, qui représente un quart des dépenses des ménages, et dont le coût est supérieur de 36 % en Ile-de-France.

Vient ensuite la santé qui après remboursement représente 3,4 % des dépenses des ménages et dont le coût est supérieur de 13,7 % dans notre région. Ce chiffre cache une forte disparité : le coût des biens liés à la santé est quasi identique à celui de la province alors que les services sont supérieurs de 27 %. C'est que les dépassements d'honoraires des médecins sont nettement plus fréquents en Ile-de-France qu'en province.

Nous finirons ce tableau statistique, qui pourrait prendre la forme d'une litanie à la Prévert, par les dépenses liées à l'éducation, qui dans le cadre d'une société où elles sont fortement mutualisées ne représentent que 0,7 % de la consommation des ménages, mais dont les coûts sont supérieurs de presque 13 % en Ile-de-France.

Que tirer de ces chiffres ? Pas grand-chose tant qu'on ne les rapporte pas aux différences de revenus salariaux avec la province. L'Insee estime, toute chose étant égal par ailleurs, c'est-à-dire à poste et secteur d'activité identique, que les salaires en Ile-de-France sont supérieurs de 9 à 12 % pour les hommes et de 12 à 16 % pour les femmes. Les différences de salaires et de prix entre la région parisienne et la province s'annulent par conséquent, et le phénomène se constate depuis quelques années.

A quoi bon ce billet, me direz-vous, pour arriver à ce résultat ?

En raison de l'usage qui a été fait de ces chiffres. Pendant longtemps, le coût de la vie a été supérieur en région parisien sans que la différence de salaires compense. Cette situation a conduisit, alors, à l'inscription dans les conventions collectives de mécanismes de compensation. Leurs formes ont été variées et on retiendra ici deux mécanismes : l'un consistant à définir un salaire minimal conventionnel par catégorie supérieur pour l'Ile-de-France, l'autre consitant à appliquer un facteur de revalorisation des salaires supérieur lors des augmentations négociées entre partenaires sociaux (par exemple, +0,1 % pour les salaires de notre région).

Depuis 10 ans, la disparition constatée par l'Insee de l'écart entre salaires et prix a conduit le patronat, via les mécanismes de dénonciation et renégociation des conventions collectives, à faire disparaître de tels mécanismes, sans grande résistance syndicale d'ailleurs. Il convient aujourd'hui de faire le bilan social de cette évolution.

Concernant les la clause de revalorisation supérieure des salaires en Ile-de-France, les faits s'imposent : l'écart entre coût de la vie et salaires s'annulent, de façon durable, ne justifiant pas l'existence de tels mécanismes du point de vue statistique. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas être attentif ou que d'autres facteurs[1][1] ne peuvent justifier leur existence, mais ici l'argument statistique est invalidant.

Concernant la fixation du salaire minimal conventionnel par catégorie, c'est l'inverse. Prenons l'exemple relativement courant d'un salarié soumis à la convention collective SYNTEC embauché comme technicien en position 3.2 moyennant le salaire minimum de 1831 € brut par mois. Pour ce salarié, qu'il soit en Ile-de-France ou en province, le salaire est le même. Cela signifie en clair, vue la différence des prix, que le pouvoir d'achat du salarié en région parisienne est inférieur de 13 % à poste et branche identique. L'impact ici est direct sur la capacité de logement, de soin et d'éducation.

Bien sur, cela ne représente qu'une fraction limitée des salariés d'Ile-de-France dont le volume est difficilement mesurable, mais pour chacun d'entre eux, la perte est flagrante. Reposer la question de la prise en compte des différences de prix régionale dans la fixation du salaire minimal apparait donc comme une problématique sur laquelle devrait se pencher les socialistes. Et ce, d'autant plus que l'embauche au salaire minimal conventionnel est beaucoup plus fréquent chez les employées et les techniciens que chez les cadres, justement les catégories professionnelles chez lesquelles nous ne faisons pas le plein des voix.
[1][1] Par exemple, la différence de surface et de qualité des logements entre la province et l'Ile-de-France, biais statistique mal mesuré par l'Insee et d'ailleurs difficilement mesurable.

David Duchateau,

Section PS d'Arcueil

Des violences faites aux personnes et aux biens dans les transports.

Une fois n’est pas coutume, le premier ministère publie ses chiffres et démontre bien évidemment qu’il a fait mieux que …la gauche !
Par exemple la Préfecture de Police explique qu’au SRPT (Service Régional de la Police des Transports) – compétence Ile de France – la délinquance aurait baissé de 15 % entre 2002 et 2007.
Si ce service a effectivement été inauguré par le Ministre d’Etat Nicolas Sarkozy, il n’était rien d’autre que le résultat de la réflexion de ses prédécesseurs immédiats face à l’explosion de la délinquance dans ces lieux sensibles. Une réflexion s’inscrivant d’ailleurs dans un concept de proximité.
Sensibles car rien n’y est plus facile que de se soustraire rapidement de l’action de police, du fait de la topographie particulière et de la rapidité des moyens mis à disposition des auteurs pour prendre la fuite !
La délinquance générale baisse peut être, mais la réalité est que les chiffres s’expriment de la manière dont on veut qu’ils s’expriment.
Par exemple, les violences faites aux personnes dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public explosent, elles, avec une hausse de 26 %, suivi par les vols accompagnés, suivis ou précédés de violences avec 13 %.
Si il est heureux de se féliciter de la baisse de la délinquance générale avec la modernisation et la mutualisation des moyens mis en œuvre en direction de la population (rappelons au passage que le SRPT est le service de Police le plus important d’Ile de France), il n’en est pas moins alarmant de constater qu’en parallèle de tous ses moyens mis en œuvre, à l’époque au lendemain de manifestations historiques des Policiers et des Gendarmes révoltés par une vague de tués et de blessés, moyens censés sécuriser les conditions de travail de ces personnels d’état, ce type de délinquance extrêmement grave continue sa croissance.
Nous ne pouvons donc que regretter que les solutions nécessaires à la gestion de ce type délinquance violente n’aient pas été engagées, syndrome d’une société malade et diagnostiquée en 2005 suite à la crise des banlieues. Chômage, conditions de vie exécrables, sur médiatisation d’une société d’hyperconsommation, sentiment d’exclusion, inégalités, injustices et violences sociales sont pourtant les ingrédients clés à un phénomène, qui, nous le voyons dans les chiffres ne cessent de s’amplifier.
Avant de trouver les remèdes, faut-il encore cerner les maux. .. Rassurés par un climat de baisse générale de la délinquance, il faut néanmoins être perspicace et s’interpeller sur les raisons de la poursuite de la violence faites aux personnes, car les solutions sont dans les causes et seulement dans les causes
Hervé Nowak

Sports, Associations, l’état continue inlassablement de se désengager

Dans un récent rapport législatif, et sous prétexte d’un contexte de crise et de récession économique particulièrement grave (récession sur laquelle le Parti Socialiste avait tiré la sonnette d’alarme il y a de nombreux mois, et dont l’UMP niait l’évidence), le projet de loi de finances 2009 acte une baisse de 52 Millions d’euros pour le secteur Sport, jeunesse et vie associative.
Bien évidemment, la crise ne justifiant à elle seule ce lourd dégrèvement, la révision générale des politiques publiques est mise à l’étai.
Dans une présentation assez pernicieuse, le gouvernement, confond sciemment les crédits du Centre National de Développement de Sport avec ceux de l’Etat, et s’évertuerait presque à nous faire croire, que ce budget serait en hausse…
Veut-on nous faire prendre des vessies pour des lanternes ?
Le désengagement de l'État, dans tous les secteurs d’ailleurs, est réaffirmé mais surtout désormais pleinement assumé.
Dans ce chapitre, l’indissociable secteur Jeunesse et vie associative est le plus fortement touché avec plus de 10% en moins.
Pour tenter de freiner la dramatique situation dans laquelle la politique menée par le gouvernement nous a plongé, situation d’injustice et de violence sociale, l’état veut mettre de moins en moins de crédit au profit d’un secteur essentiel de la société.
Alors que ces mêmes secteurs sont le cément de valeurs essentielles, que ces crédits représentent la concrétisation des engagements régaliens par des moyens matériels et humains, notamment en matière de lien social par le tissu associatif, très dense dans notre pays, d’éducation civique par le sport, d’insertion sociale également, de promotion de notre jeunesse, de sa richesse donc de sa diversité, etc…
Peu à peu, les missions essentielles des acteurs de terrains, sur des actions simples orientées principalement vers les jeunes, les familles les plus en difficultés, les femmes au travers de la parité par le sport, mais aussi bien souvent les associations qui pallient au désengagement de l’état, puis des collectivités locales dont le budget devient de plus en plus grevé par ce désengagement constant, vont disparaitre.
Les collectivités, ni les associations sportives ou philanthropiques ne peuvent continuer à prendre en charge ce désengagement désormais affirmé et assumé de l’état.

Qu’on arrête de paupériser le tissu social français !

Hervé Nowak
Maire Adjoint chargé des Sports
Le Kremlin-Bicêtre

lundi 10 novembre 2008

Julien Dray : Dimanche Plus 9 Novembre 2008








Première Partie









Partie 2

Soutien à Denis Weisser

Denis Weisser, candidat au poste de 1er secrétaire fédéral du Parti socialiste dans le Val-de-Marne
Le 8 novembre, à l'occasion du congrès de la fédération du Val-de-Marne, les militants PS de la motion E, L'espoir à gauche, fier(e)s d'être socialistes* ont désigné leur mandataire, Denis Weisser, pour être candidat à l'élection au poste de 1er secrétaire fédéral qui se tiendra le 20 novembre prochain.

En votant à 26,7% pour la motion E lors du vote du 6 novembre, les militants PS du Val-de-Marne ont exprimé leur volonté de rénovation des idées et de changement des modes de fonctionnement du parti. Au-delà du score qui place l'équipe de L'espoir à gauche 94 en deuxième position (154 voix d'écart avec la motion A), la motion E arrive en tête dans les villes de droites, communistes et divers gauche et les votes se sont diffusés sur tout le territoire, alternative aux fiefs des grands élus du département.
Pour Denis Weisser, la fédération du Val-de-Marne doit dépasser les clivages qui règnent dans le département pour faire vivre et diffuser la démocratie en sortant de l'entre soi et mobiliser de nouveau et plus. Il s'agit de donner un souffle dynamique, ouvert aux idées et au service des citoyens.
Le Val-de-Marne est un laboratoire d'idées au banc d'essai des pratiques. La fédération se doit ainsi de devenir un centre de ressources et de mobiliser en masse tous les socialistes et sympathisants, mais aussi, d'associer toutes les compétences (universités, centres de recherche, partenaires sociaux, associations…) afin de construire ensemble, des solutions tant lucides que radicales.
Le PS du 94 a besoin de se renouveler et d'enfin respecter le choix des militants plutôt que celui des grands élus.

Denis Weisser est 2ème adjoint aux finances et à l'urbanisme d'Arcueil.


Contact presse : 06.87.69.38.97 - democratie94@gmail.com

mardi 28 octobre 2008

Les points forts de la motion E

"Assumer le réformisme, ce n’est pas abandonner la radicalité "


L’enjeu du congrès : l’unité pour rénover le PS et restaurer son autorité

Le PS doit redevenir la maison commune de tous les socialistes.
- Reims sera une réussite si l’unité l’emporte sur la tentation de la guerre des chefs. Voir ce que disent nos sympathisants : « rassemblez vous ! ». Il faut en finir avec les jeux de positionnement, les insultes, la cacophonie.
- C’est encore plus vrai dans la période actuelle où, face à la crise économique, nous devons incarner l'alternative et l'espoir. Dans ce moment, nous avons besoin de tous les socialistes, et nous devons remettre tout le parti au travail. C’est un préalable pour inverser le cours de la bataille idéologique qui a tourné à l’avantage de la droite ces dernières années.
- D’ailleurs les présentations des autres motions le montrent bien : nous avons bien plus de points d’accords que nous ne l’imaginons nous-mêmes.

1. Pourquoi la motion E est la seule à même de rassembler une majorité stable forte et rassembleuse qui rénove et remette le parti au travail?

Nous sommes partisans d’une synthèse politique la plus large possible, que la motion E est la mieux à même de la réaliser, car ...
- Elle est déjà un premier rassemblement : plusieurs contributions la composent (Ségolène Royal, la Ligne claire, François Hollande avec Julien Dray et Malek Boutih…), elle réunit des ex-partisans du oui et du non au TCE, elle réunit plusieurs générations de socialistes (d’Yvette Roudy à Delphine Batho), elle réunit des socialistes de toutes les régions, elle réunit des membres de l’ancienne direction (Rebsamen, Dray) et d’autres qui n’en faisaient pas partie (Peillon NPS ou Mandon qui était avec Montebourg…).
- Elle est surtout la motion dont la principale personnalité, Ségolène Royal, a posé un acte majeur en mettant « au frigidaire » la question de sa candidature. Nous regrettons que les autres personnalités du parti n'aient pas saisi cette main tendue, et n'en aient pas fait de même.
- C'est important car la question du « chef » et du candidat pour 2012 n'est pas la plus importante dans ce congrès. Dans le passé, nous avons eu des chefs incontestés, et ça ne nous a pas empêché de perdre. Soyons lucides : les défaites successives de la gauche ne sont pas des accidents, ni des erreurs de casting. Nous avons perdu la bataille des idées et il nous faut avant tout reconstruire un projet mobilisateur, entraînant, qui réponde aux aux défis de la nouvelle période politique, et un grand parti populaire et uni pour le porter.

2. Un nouveau modèle de croissance et de développement

Nous sommes clairement réformistes. Mais nos réformes doivent porter et traduire concrètement une volonté radicale de transformation sociale.
- La crise financière achève de démontrer qu’il n’est surtout pas question de réhabiliter le mot libéralisme qui est d’abord synonyme de capitalisme débridé, d’écrasement des salaires et de violence sociale. Et en même temps que la régulation du marché devra obligatoirement prendre en compte les 3 révolutions qui ont bouleversé le monde : la révolution scientifique et technique, la globalisation et l’urgence écologique.
- Il paraît que la motion C (Hamon-Emmanuelli) « a le vent en poupe » à cause de la crise … C'est un texte intéressant, avec lequel nous sommes en accord sur la nécessité de refaire du salaire le principal déterminant du revenu, ou la volonté de faire enfin cette révolution fiscale capable de mettre en avant cette alliance des productifs et bien d’autres choses encore. Mais il y a une divergence de fond : derrière sa critique du système se dessine un programme en rupture avec l’Europe alors même que c’est maintenant qu’il faudrait plus d’Europe politique et économique. Tentation du repli, rétablissement du contrôle des changes ou protectionnisme : attention à ces dérives. Ne confondons pas la mondialisation et le capitalisme financier. Nous sommes pour la mondialisation -sur le plan politique car nous sommes internationalistes et sur le plan économique car l’extension des marchés peut générer de la croissance et l’essor de nouveaux pays- ET nous combattons le capitalisme. Réguler le marché, ce n’est pas revenir à l’économie administrée dans un seul pays.
- Quelle analyse alors devons-nous faire de la crise ? Nous ne pouvons nous contenter des discours catastrophistes sur la fin du capitalisme ou de la tête de quelques faciles boucs émissaires (les traders, les « patrons voyous »). C'est avant tout une crise de modèle de société : l'Amérique de Bush, en encourageant les salariés précaires à s'endetter pour acheter une maison et participer au rêve américain du « tous propriétaires » (c'est-à-dire du tous possédants et donc du tous capitalistes), a contribué à créer une fracture au sein du salariat entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas (cf. aussi projet de Sarkozy). En cassant l'opposition traditionnelle entre salariat et capital elle est venue créer des capitalistes précaires, victimes des crédits de moins en moins sûrs, mais prêts à soutenir les politiques de libéralisation.
- La réponse à la crise implique donc un changement de modèle de société, de croissance, de développement, et une nouvelle façon de penser le rôle du socialisme. Il faut prendre en compte les tendances économiques lourdes (crise de croissance, des ressources énergétiques, alimentaires) qui définiront de nouvelles priorité pour un État entrepreneur et protecteur des salariés. Objectifs : refaire du salaire le principal déterminant du revenu et opérer la « révolution fiscale » ; restaurer le rôle de l'État autrement qu’en en faisant la « béquille du capitalisme » comme en ce moment (avec les banques que l'État sauve de la faillite, etc.), créer de la croissance durable (priorité à l'éducation et à l'innovation éco-technologique, prise en compte de l'après-pétrole, investissement dans les TPE et les entreprises qui embauchent et innovent, …) à grande échelle (européenne, avec une « cabine de pilotage » économique au niveau de l'Union).

3. La rénovation comme outil

Pour construire ensemble cette nouvelle orientation, ce réformisme radical, il faut d’abord une profonde rénovation du parti socialiste, de son fonctionnement, de sa façon de travailler.

- Respecter les militants : les deux autres motions (la A et la D) sont représentées par des dirigeants qui, sur des questions différentes (l’Europe, la désignation) n’ont pas accepté le verdict des urnes.
- Un parti de masse, un parti ouvert (objectif : 300000 adhérents + défense des adhésions et adhérents à 20 euros)
- Un intellectuel collectif (conventions thématiques régulières avec vote des militants, formation continue et université populaire)
- Une coalition arc en ciel (incluant toute la gauche et tendant la main aux centristes s'ils rompent clairement avec la droite), préparée dès 2009 avec un comité d'action de la gauche et des convetions communes pour préparer notre futur contrat de gouvernement + des primaires de toute la gauche

- Au moment du vote : votez librement, n’écoutez pas les vrais faux conseils de « connaisseurs ». Avec la motion E, c’est tout est simple et clair : vous votez pour une motion qui refuse le statu quo et l’immobilisme mais qui rejette aussi l’aventurisme. Vous votez pour une motion qui ne veut pas éliminer un tel ou une telle mais qui assume sa volonté de synthèse dynamique et d’émergence d’une nouvelle génération de responsables socialistes. Vous votez pour une motion qui pense d’abord aux intérêts du parti avant de penser aux intérêts de tel ou tel présidentiable.
- Après le vote, au congrès : un parti uni avec un calendrier de travail précis et des chefs au service des militants.